Communiqué de presse final n°10.
20.07.2012:
Hier, le 19 juillet, les derniers événements de la campagne Boats4People se sont déroulés à Lampedusa. Si une évaluation approfondie et la planification des prochaines actions auront lieu dans les prochaines semaines, nous pouvons dors et déjà affirmer que la campagne a été un succès. Les dernières semaines ont cependant été marqués par plusieurs évènements tragiques qui prouvent que la fermeture des frontières maritimes de l’UE demeure toujours aussi meurtrières.
Il y a un an, en réponse au nombre croissant de migrants mourants en mer et ce malgré la surveillance accrue de Méditerranée déployée dans le cadre de l’intervention militaire internationale en Libye, l’idée d’une campagne articulée autour d’un bateau de solidarité et demandant la fin de la fermeture des frontières maritimes de l’UE a émergé. La coalition d’organisations qui ont constitué Boats4People ont relevé le défi, et cette vision s’est concrétisée dans l’expérience que nous avons vécue durant les 3 dernières semaines.
Le bateau Oloferne a ainsi navigué de Rosignano à Palermo, Pantelleria, Monastir, Ksibet el Mediouni et Lampedusa, nouant un impressionnant mouvement de solidarité entre les 2 rives de la Méditerranée. A chaque étape du voyage des rencontres intenses on réuni migrants, militants, journalistes et politiciens. B4P s’est en particulier réuni avec les familles des morts et disparus Tunisiens, qui demandent que les informations concernant leurs proches leurs soient restituées et que justice soit faite, ainsi qu’avec les réfugiés et les refoulés du camp de Choucha en Tunisie qui demandent à être protégés, réinstallés et de meilleures conditions de vie. Dans chacune de ces rencontres nous avons entendu une demande commune : « Europe, met un terme à la fermeture mortelle de tes frontières ! Liberté de circulation et solidarité maintenant ! ». L’écho de cette demande s’est répandu à travers l’Europe grâce a des actions organisées à Calais, Strasbourg, Frankfort, Hamburg, Paris, Amsterdam, Tilburg, etc.
Si nous nous sentons plus forts après cette expérience collective, les trois semaines de la campagne B4P ont également été marquées par plusieurs incidents tragiques, rapportés par des militants de B4P disséminés à travers la Méditerranée puis recueillis sur la plateforme cartographique WatchTheMed. Durant cette période, nous avons ainsi collecté des informations concernant l’arrivée de 94 personnes à Malte et 314 sur les côtes italiennes (60 à Lampedusa, 62 à Portopalo, 40 à Pozzalo, 25 sur la côte de Calabre et 127 à Bari). Mais le 3 juillet, un jour après le départ de l’Oloferne, au moins 3 personnes ont perdu la vie lorsqu’un bateau transportant 22 personnes à chaviré non loin de Monastir. Nous avons par la suite reçu une information encore à confirmer concernant un navire transportant 89 personnes qui aurait coulé peu de temps après avoir quitté les côtes libyennes et avec lui peut-être au moins la moitié de ses passagers. Finalement, une délégation de B4P a rencontré le seul survivant parmi 56 migrants, qui, après que leur bateau se soit dégonflé et ait chaviré au large des côtes libyennes, a dérivé seul pendant 14 jours avant d’être enfin secouru près de Zarzis le 10 juillet. Ces morts – qui viennent s’ajouter au 13.448 morts en mer documentés entre 1988 et mai 2012 – sont les victimes du régime migratoire de l’UE qui transforme la Méditerranée en une frontière liquide et mortelle pour la majorité des non-Européens. B4P continuera d’enquêter sur ces incidents pour déterminer si des violations ont été commises et souligner la responsabilité politique de l’UE.
L’Oloferne n’a pas rencontré de migrants en détresse en mer, mais il a pu vérifier les moyens importants déployés pour sécuriser les frontières maritimes de l’UE. Le 15 juillet, l’Oloferne a été survolé par un avion de patrouille Frontex et a ensuite été stoppé par un bateau des Gardes côtes italiens pour identification. Cette rencontre donne tout son sens à la campagne B4P, car tant que Frontex et les agences nationales maintiendront un voile d’opacité autour de leurs activités, une présence en mer demeurera la seule manière d’accéder à des informations détaillées et « contrôler les contrôleurs ».
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