CP conjoint ARCI B4P Migreurop
Une nouvelle fois, la politique de fermeture des frontières empêche des militants des droits de l’homme de se réunir. Parce qu’ils n’ont pu obtenir des autorités françaises les visas nécessaires, un représentant de l’Association des Maliens Expulsés (AME), et un de l’Association des Refoulés d’Afrique Centrale au Mali (ARACEM) n’ont pu être présents à la rencontre internationale anti-raciste organisée par ARCI, Boats 4 People et le réseau Migreurop entre le 30 juin et le 2 juillet 2012 à Cecina (Italie)1. Pour la même raison, ils ne pourront pas non plus participer à la flottille de Boats 4 People qui se déroule du 2 au 19 juillet 2012.
Ces refus illustrent tant les pratiques arbitraires des consulats européens que la bureaucratie à laquelle sont confrontés quotidiennement les ressortissant.e.s des pays du sud.
Pour le représentant de l’ARACEM, les autorités consulaires ont considéré que « l’objet et les conditions de séjour n’ont pas été justifiés », qu’il ne fournissait pas la preuve qu’il ne disposait pas de « moyens de subsistances suffisants pour la durée de séjour envisagée » et que sa « volonté de quitter le territoire des Etats membres avant le délai d’expiration du visa n’a pu être établie ». Or ces trois arguments sont faux : notre collègue avait indiqué l’objet de son déplacement, ses frais de séjour étaient pris en charge par le réseau Migreurop et il disposait d’une réservation de billet de voyage aller / retour.
Le représentant de l’AME, s’est vu reprocher que seules « trois pages (de son passeport) [soient] disponibles », et il a été invité à s’en faire délivrer un autre. Le consulat de France sait pourtant que, depuis le mois de mai, le Mali ne délivre plus de passeports maliens à ses ressortissants,mais des passeports « CEDEAO 2», qui ne permettent pas la délivrance de visa… sur « consigne du consulat », selon l’entreprise BIM à qui la France sous-traite la gestion des visas au Mali. D’un côté, notre collègue de l’AME dispose d’un passeport malien en règle mais la France refuse de lui délivrer un visa, et de l’autre, l’agence BIM dédaigne d’instruire sa demande car il présente un passeport « CEDEAO ».
Nos organisations sont scandalisées par ces pratiques arbitraires – et notamment françaises – de suspicion à l’égard des citoyens des pays du Sud. Elles s’indignent des conséquences des politiques européennes qui entravent la liberté d’aller et venir, et aboutissent – encore une fois – à empêcher les rencontres entre citoyens du Nord et citoyens du Sud.
Des suites juridiques seront données à ces deux affaires afin que justice et réparations soient rendues aux intéressés. Pour rappel, ces pratiques européennes de « mise à distance » sont le lot quotidien de milliers de personnes. Comment s’étonner dans ces conditions que certains, poussés par la nécessité, essaient de contourner les voies légales ?